• Amazonie : quelle évangélisation ?

    prêtre Fidei Donum

    Des hommes mariés ordonnés prêtres ? Maximilien de la Martinière, prêtre Fidei Donum durant quatre ans au Brésil, revient sur cette suggestion du document de travail du synode amazonien prévu pour octobre 2019

    Amazonie : quelle évangélisation ?

    Quand vous étiez en Amazonie, avez-vous etul’impression que le prêtres manquaient ?

    Oui, bien sûr. J’étais au sud de l’état du Para qui est la porte de l’ Amazonie. Ce n’est pas l’Amazonie profonde, que l’on traverse en pirogue pour visiter des communautés indigènes, mais c’est un très grand diocèse de la taille d’une grande région en France. Il y a avait quinze prêtres en activité dont quatre brésiliens. Les autres étaient des missionnaires étrangers au pays

    Voir aussi sur croire.com

    Comment la population vit -elle ce manque de prêtres ?

    Le peuple que j’ai connu ne se plaint pas mais se prend en main. Il y a une capacité d’engagement des laïcs étonnante. Ils sont habitués à faire face à l’adversité . Si quinze familles catholiques, dans une région reculée, à trois heures de route d’une paroisse veulent prier ensemble, elles se réunissent toutes les semaines pour dire le chapelet chez les uns et les autres. Au bout de trois ans elles construisent une chapelle, on bout de trois ans encore, elles vont en ville et demande au curé de venir bénir la chapelle. Et le curé intègre peu à peu dans son planning les visites dans cette communauté. Si le prêtre est là on est heureux. S’il n y en a pas, on fait avec, et on se prend en main.

    Y a t-il le manque d’une vie sacramentaire ?

    Oui, ils sont bien conscients qu’avec le prêtre, la grâce passe. Mais la foi demeure sans les sacrements. Il n y a pas un manque de vie de foi, de prière. On porte sa foi en communauté.

    Quelle place donnée aux femmes dans cette organisation ?

    Les femmes sont responsables de la transmission de la foi. Dans les 60 petites communautés que les familles avaient construites dans ma paroisse, il y avait un responsable choisi par la communauté et c’était à 95% des femmes. Moi en tant que curé j’avais deux réunions par an avec ces communautés. On les réunissait tous pour un temps de catéchèses, de formation, je leur donnais les orientations de la paroisse. Et tous les trois mois j’allais les visiter. C’est pour cela que je pense qu’ouvrir la voie du sacerdoce à des hommes mariés risque d’exclure les femmes de ce style de ministère. Car au Brésil le prêtre a un caractère sacré, il beaucoup de pouvoir. Le risque est d’accentuer une forme de cléricalisme qui nuirait à l’image de communautés qui se prennent en main aujourd’hui.

    Que penser de cette suggestion d’ordonner des hommes mariés ?

    Je trouve dommage que les enjeux de ce synode, qui sont très importants, en particulier les enjeux écologiques, en soit réduit à cela. Je crains que cela ne plombe le synode. Je trouve que le diaconat permanent serait une solution à développer. Appeler des hommes stables, sages, pour les former et être des coordinateurs des communautés. Personnellement je me demande si on ne pourrait pas avoir des diacres permanents avec ponctuellement une extension de pouvoirs sacramentaires donnés par l’évêque..

    Maximilien de la Martinière est l’auteur de la Piété populaire, une chance pour l’évangélisation, paru aux éditions Médiaspaul

     

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