Je t’aime, Seigneur, ma force.
Dieu, mon roc, ma forteresse.

Au creux du rocher,
Moïse te vit passer de dos.
L’ombre de ta main le recouvrit.
Avant le « grand voyage »
nul ne peut te voir
de visage à visage.

Dans la crevasse de sa peur,
Elle se blottit.
Il y eut du vent, du feu, des secousses terrestres :
Tu n’y étais pas.
Il y eut le souffle d’une brise légère :
Il sut que tu étais là.

Le bâton entaille la roche :
Jaillissent des eaux vives.
Les rebelles du désert se désaltèrent.
Tu extirpes de leur corps le cœur de pierre,
Tu inscris ton « je t’aime »
à même leur cœur de chair.

Je t’aime, Seigneur, ma force.
Dieu, mon roc, ma forteresse.
Tu es la pierre d’angle de mon édifice,
le lieu où je me pose et me repose.

Tu es l’abri des pluies d’orage,
la falaise des chants d’oiseaux.
Tu es le refuge des nomades,
leur grotte de fin silence.

Tu es le relais sur nos routes,
le rocher de nos rencontres.
Tu es l’espace de nos errances,
l’aire de nos jeux et de nos gagne-pains.

Tu es la croix au sommet de nos escapades,
le calvaire aux carrefours de nos chemins.
Tu es la pierre roulée de nos tombeaux,
le fondement de notre Église.

Je t’aime, Seigneur, ma force.
Dieu, mon roc, ma forteresse.

Père Guy Dermond, sdb
10 juillet 2006
Extrait de « Gouttes de miel »

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