Je t’offre un bouquet, gratuitement, un sourire pour la beauté, je donne sans compter, juste pour le bonheur d’aimer. Je n’ai pas peur ni de souffrir ni de perdre, je t’aime sans compter. Peu m’importe de briller à tes yeux, je t’aime fragile, avec mes défauts et mes vieilles casseroles, avec mes insupportables manies et mes vieux démons… Je t’aime sans compter. Je n’ai pas envie d’être mieux ou plus que toi, je t’aime sans compter. Les colères et les rancunes cèdent sous le pardon, ma patience m’étonne. Je connais tes failles, ton visage des mauvais jours, tes vilaines habitudes et tes douleurs intimes, je t’aime sans compter. Je n’attends rien d’autre que ta présence, me réjouir de tes succès et partager tes pleurs. Juste être à tes côtés, te donner ce que je peux, en toute humilité et de tout coeur.

Il y a des jours, j’aimerais murmurer ces mots à ton oreille, te dire que la grâce d’aimer existe, que je suis éblouie de la force d’une rencontre en vérité et que je m’étonne d’aller jusqu’à m’oublier par le simple fait de t’aimer. Tout ne tourne plus autour de moi, je donne, je partage, dans un éclat de rire je me laisse surprendre par la joie de te connaître. Je ne m’accroche plus à mes tentatives d’être mieux, voire parfaite, de régner sur mon monde et même sur ton coeur.

Je laisse les masques, le maquillage, tous ces grimages qui font mon personnage, et ne laisse que le voile de la délicatesse… Je quitte les hauteurs de mon orgueil, de mon cynisme et de mes succès pour te rencontrer à fleur de terre. Puis dans un silence où même les mots se dissolvent, je laisse la joie d’aimer m’abreuver sans compter. Alors je saisis l’espace d’un instant ce que l’amour de Dieu pourrait bien pouvoir signifier…

Marie Cénec, pasteure 
C’est tous les jours dimanche – Méditations chrétiennes (Salvator, 2013)

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