Située dans un quartier HLM de la commune de Noisy-Le-Grand (Seine-Saint-Denis), sur l’ancien emplacement du « Camp de Noisy » qui fut le berceau de l’association ATD-Quart Monde, la petite chapelle, « Notre-Dame-des-sans-logis-et-de-tout-le-monde», classée au titre des Monuments Historiques en 2016, vient d’être restaurée.

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Cette restauration est une reconnaissance pour les familles du camp, les communautaires Emmaüs, et bénévoles, qui l’ont bâtie en 1957, pour tous ceux qui, lors de la suppression du bidonville, l’ont déplacée en 1970 afin d’éviter sa destruction par les bulldozers. Elle est aussi une reconnaissance historique rare pour les personnes en grande pauvreté dont le courage et l’action sont souvent passés sous silence. Elle vient enfin souligner la force du rassemblement au côté des plus précaires pour changer les regards. Relique d’un bidonville entré dans l’Histoire, cette chapelle est devenue un lieu de mémoire, le symbole d’un combat universel.

Depuis juin 2019, nous avons filmé les différentes étapes de la restauration, et nous avons mené l’enquête pour retrouver les souvenirs et les documents. Aujourd’hui, nous sommes en train d’interroger les connaisseurs du patrimoine mais aussi les témoins du passé dont certains ont vécu dans le camp de Noisy.

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Un film pour faire mémoire d’un passé émouvant et fort, au fil d’un chantier qui tournera le bâtiment vers l’avenir

Construite au cours de l’année 1957 pour permettre à ces familles de mener une vie spirituelle au quotidien alors qu’elles n’osaient pas se rendre à l’église paroissiale où elles se sentaient humiliées, cette chapelle a été bâtie par les hommes du camp, avec le soutien de communautaires Emmaüs et de bénévoles chrétiens mais aussi musulmans, juifs, hindous, non-croyants. Pour le Père Joseph Wresinski, à l’origine de sa construction, cette chapelle a toujours été « la chapelle de tout le monde ». « Tout le monde » pour montrer que les plus pauvres sont « des gens comme tout le monde ». « Tout le monde » parce chacun est appelé à mener ce combat au côté des plus fragiles. Aujourd’hui, tandis que la population du quartier est multiculturelle, sa vocation de rassemblement au-delà des différences, sans renoncer à son enracinement chrétien, s’en trouve affirmée, même si un chemin doit encore se frayer, s’inventer, pour y parvenir.

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Construite au sein même du bidonville, cette chapelle témoigne également de la pensée visionnaire du fondateur d’ATD-Quart Monde. Nommé par son évêque en 1956 afin de devenir un peu le curé auprès de cette population exclue, le Père Wresinski a grandi lui-même dans la grande pauvreté. Proche du monde ouvrier, il s’était également occupé d’une paroisse rurale très pauvre, avant de rejoindre le camp. Plus que personne, il connaissait la soif spirituelle des personnes en grande précarité. En plaçant l’immatériel avant le matériel, il reconnaissait aussi leur soif de fierté. Le simple fait que les pères de famille du camp aient fait l’effort de construire de leurs propres mains ce lieu de culte, simple mais beau, était d’ailleurs une affirmation très forte de ce besoin de dignité.

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La dignité c’est aussi la possibilité de garder les traces de son histoire. En 1969, au début de la suppression du camp, tandis que les bulldozers écrasent un à un les « igloos » pour laisser la place à la construction d’une cité HLM, c’est d’un même élan qu’en 1970 les hommes du camp, toujours aidés par des bénévoles, l’ont démonté pour la remonter pierre par pierre trois cents mètre plus loin, sur le lieu qu’elle occupe actuellement, à l’angle des rues Jules-ferry et des Hauts-roseaux, tout à côté du centre de promotion familiale d’ATD-Quart Monde. Puis en 1974, grâce à l’intervention d’un jeune architecte, la chapelle se trouve solidifiée par un entourage de murs et par la construction d’un nouveau toit au-dessus de l’ancien faitage.

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La dignité c’est aussi la possibilité de transmettre cette histoire et la faire reconnaître par la communauté la plus large possible et par les générations à venir. Labellisée « Patrimoine du XXème siècle », classée monument historique à l’instar de monument plus vaste et plus prestigieux, cette humble chapelle, construite par des personnes très pauvres avec des matériaux de récupération, est désormais reconnue, comme un patrimoine essentiel de notre nation.

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Tout en rappelant l’histoire de cette chapelle, nous présenterons les étapes principales des travaux : dépose de la couverture en fibrociment, restauration de la charpente et de la toiture, rénovation des murets latéraux et des vitraux. Restauration de la statue de la Vierge, nettoyage des trois vitraux existant de Jean Bazaine tandis que les deux vitraux manquants ont été remplacés par des créations respectueuses de l’artiste.

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Aujourd’hui, la chapelle est à la fois un lieu de prières, un lieu de mémoire, un lieu de visites de personnalités comme de personnes plus humbles. Modeste par ses dimensions, mais ambitieuse par le combat qu’elle incarne, elle convoque toutes les âmes. C’est cependant à travers son histoire, les souvenirs qui touchent au cœur, la joie lors de l’inauguration, que nous tenterons de capter l’âme.