• Les belles histoires de Notre-Dame

    Par Florence Monteil le 17 avril 2019

    Levons le voile sur quelques énigmes et belles histoires de Notre-Dame. Et regardons ce joyau gothique autrement, fascinant héritage du génie des architectes médiévaux.

     

    La façade: la légèreté faite pierre 

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    43,5m de large, 69m de haut (45m sans les tours): la façade aurait dû paraître lourde. Alors, pourquoi semble-t-elle si aérienne et élancée?  "C’est un coup de génie du 6è architecte" explique Benjamin Mouton, architecte en chef des Monuments Historiques. "La construction de la façade démarre en 1200 avec le 5e architecte qui l'élève jusqu’à la galerie des rois. Elle est massive, sans les ornements des cathédrales de Reims ou d’ Amiens. Pour dégager sa silhouette, le nouveau maître d’oeuvre décide d’établir des balcons avec des colonnettes devant la muraille des tours. En créant un arrière plan, il allège la structure et plus on monte, plus cela devient transparent. C’était une idée neuve prodigieuse!"

    Le grand bourdon: incroyable rescapé

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    Avant la Révolution, Notre-Dame comptait 8 cloches sur deux étages dans la tour nord et deux bourdons dans la tour sud: le petit (Marie) et le grand (Emmanuel) dont la dernière refonte date de 1685. En 1791, les cloches sont déposées pour être transformées en canons et en monnaie… Toutes? Non, une va survivre. La plus grosse. "Les Révolutionnaires ont pillé et abîmé l’édifice, mais ils ont gardé Emmanuel tout simplement parce qu’il en avait besoin, notamment pour sonner le tocsin", explique Benjamin Mouton. 

    Les ferronneries du diable

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    Le travail de dentelle et d’équilibre des ornements des portes de la façade principale est tellement impressionnant qu’il ne peut pas être humain! C’est en tout cas ce qu’a colporté la rumeur dès le 13eavant de traverser les siècles: vers 1250, un ouvrier serrurier du nom de Biscornet voulait devenir maître dans sa corporation. On lui imposa pour chef-d’oeuvre la réalisation des ferrures et serrures des portes de la façade principale. Il se mit à l’ouvrage mais réalisa vite qu’il n’était pas à la hauteur de la tâche. Le diable lui proposa alors de finir le travail en échange de son âme. Biscornet accepta et le lendemain les portes étaient achevées… à l’exception des serrures de la porte centrale par où passait le Saint-Sacrement qui effrayait le diable. Biscornet prit donc le relais et se trouva délié de son serment. Et fut reçu maître… "Pour bien prendre la mesure de la minutie de ce travail, regardez aussi le dos des portes, où l’on voit les clés qui maintiennent l’ensemble", conseille Benjamin Mouton.

    Eugène Viollet-le-Duc ressuscite Notre-Dame



    En 1843, Prosper Mérimée, inspecteur général des Monuments Historiques et romancier célèbre ("Carmen", "Colomba") passionné d’histoire médiévale, engage un architecte surdoué de 29 ans pour superviser la restauration de Notre-Dame: Eugène Viollet-le-Duc. Il venait de passer trois ans à rénover avec brio la basilique de Vézelay et se lança dans la grande œuvre de sa vie. "Viollet-le-Duc a mené une enquête digne de Sherlock Holmes pour comprendre ce que les premiers architectes de la cathédrale avaient voulu faire, explique Benjamin Mouton. Son but, et il l’a atteint, était de rétablir ce qui avait été détruit alors qu’il n’y avait presque aucun document pour l’aider. Le principal livre qu’il a ouvert, c’est la cathédrale elle-même. Il a tout décortiqué pour entrer dans la vision des premiers architectes. Ce qu’il a fait est tout simplement génial !" Admiré et imité, il a aussi été critiqué par des puristes qui estimaient que les édifices du passé ne devaient pas être touchés, quitte à finir en ruine. "Il a, entre autre, reconstruit la flèche, qui avait été démontée pour éviter qu’elle ne s’effondre: il a ajouté des détails dont on ignore s’ils existaient avant, mais son travail est fondamentalement authentique. Grâce à lui, lorsque l’on regarde Notre-Dame aujourd’hui, on voit à 99% ce que les passants voyaient en 1345, à l’achèvement de la cathédrale." En hommage à son talent, les maîtres maçons ont donné ses traits à trois sculptures: dans la galerie des rois, dans le patio et surtout au pieds de la flèche  parmi les apôtres, saint Thomas, patron des architectes, a le visage de Viollet-le-Duc. Il est habillé comme un simple ouvrier du moyen âge, muni de sa règle d’architecte, dont les inscriptions semblent confirmer son appartenance à la franc-maçonnerie.
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